L’album Immensity of territory
Depuis bientôt dix ans les trois musiciens du projet Immensity Of The Territory jouent à six mains sur une seule et même guitare électrique agrémentée de divers dispositifs motorisés qu’ils contrôlent à distance. Ensemble ils parcourent les États-Unis afin de collecter les sons, images et vidéos qui composent leurs spectacles. Sous l’écran, guitare et phonographies sont réunies par les musiciens et constituent les bandes originales de leurs propres films.
Les deux premiers spectacles faisaient références à la fois aux westerns, aux road movies, à la nouvelle vague sans tomber dans l’illustration mais en restant dans une évocation stimulant des pérégrinations intérieures. C’est dans cette même optique que les trois musiciens orientent ce nouveau départ du coté des explorations pionnières vers le Pacifique, des romanciers du Montana, des sites industriels bordant le Michigan et des forêts canadiennes… Ainsi, l’idée n’est alors pas simplement de cartographier ou d’exposer ce territoire, mais plutôt de s’y déplacer pour mieux considérer cette immensité. Une immensité qui s’envisage alors sous plusieurs angles :
- Physique : évocation du désert, des routes et grands espaces américains par l’utilisation d’images (photos/vidéos) et de sons (phonographies) qui y sont rattachés ;
- Sonore : utilisation de matières musicales très étirées (drones) et d’un jeu qui laisse beaucoup de place (aux musiciens comme aux auditeurs) ;
- Guitaristique : la guitare considérée en elle-même comme un territoire immense de par l’étendu des modes de jeux, la variété des instruments et l’éclectisme de ses utilisations.
Les voyages
En 2008 le projet démarre avec une traversée du Nord au Sud de l’Est Américain : de New York à la Nouvelle Orléans. Sur cette route imprégnée de l’histoire du. blues, les trois musiciens ont collecté les sons et les images pour donner naissance au premier spectacle d’Immensity Of The Territory : un road-movie où s’entremêlent la projections d’images captées sur la route et la guitare comme caisse de résonance de l’immensité du pays, des photos inquiétantes en noir et blanc, une bande son cinématographique.À l’arrivée, un rêve à la Jim Jarmusch…
En 2010, c’est tout naturellement sur les traces de la conquête de l’Ouest que les trois musiciens sont repartis : les déserts, le Mexique, les canyons, les Indiens, le soleil, John Ford, la Route 66. Cette fois encore ce qui a stimulé les trois routards pour ce projet c’est la rencontre avec les paysages, les hommes et leurs histoires. Les territoires explorés sont l’Arizona, l’Utah, le Nevada et la Californie. Les déserts, les canyons, les villes fantômes, les grands fleuves…les villes asséchées par le soleil, Tucson, Palm Spring…
En 2016 le trio reprendra donc la route mû par de nouvelles envies : Longer le Nord du pays, de Seattle à Québec, permettra de naviguer entre le berceau de l’industrie américaine et de nouveaux paysages (montagnes, forêts, grands lacs). Imaginer une «bande son» nourrie par la voix, peu présente jusqu’alors. Voix qui pourra apparaître à travers les lectures de textes (le Montana est réputé pour son vivier littéraire au sein duquel la nature a un rôle important dans le récit) ou les chants traditionnels (travail de collectage et de mémoire par la transmission orale et l’enregistrement).
Expérimenter de nouveaux processus de création: composition instrumentale in-situ, captation vidéo élargie à des plans-séquences, incrustation d’images, utilisation de corps sonores,…