SOUFFLE CONTINU Jeudi 8 Octobre 2020/20H00

Chicaloyoh (Alice Dourlen)

« Boli armenii : brouillamini. Charabia. Le charabia a disparu. Décortiquons les mots. Les ellipses dans les mots déjà existants permettent un nouveau langage. Répété, le charabia s’invente une légitimité. Existence courte d’un dialecte sans signification. Disparition du sens. Disparition de la pensée derrière le mot. Le mot inventé, les syllabes scandés, rythmées, offrent un langage unique et éphémère, une parole humaine faite d’instants et sur l’instant. Musicalité d’un timbre vocal qui ne cherche qu’à s’exprimer par le ton et la vibration. Avant de dormir, cette succession de sons chantés à la façon d’une comptine pour apaiser les enfants prendra alors une toute autre dimension. En donnant des teintes différentes au dialecte, ici c’est l’intention qui compte et qui vient directement traduire le sentiment, finalement, le sens n’importe plus. »

« L’en-deçà et l’au-delà répètent sourdement la dialectique du dedans et du dehors : tout se dessine, même l’infini. On veut fixer l’être et en le fixant on veut transcender toutes les situations pour donner une situation de toutes les situations. On confronte alors l’être de l’homme à l’être du monde comme si l’on touchait aisément les primitivités. On fait passer au rang d’absolu la dialectique de l’ici et du . On donne à ces pauvres adverbes de lieu des puissances de détermination ontologique mal surveillées. Bien des métaphysiques demanderaient une cartographie. Mais, en philosophie, toutes les facilités se paient et le savoir philosophique s’engage mal à partir d’expériences schématisées. »

Gaston Bachelard, La poétique de l’espace.

Duo Christophe Havard / Anthony Taillard

Duo Christophe Havard (fied recordings, électroniques) / Anthony Taillard (guitare préparée, électroniques)

En vingt années de projets et voyages communs (Immensity of the Territory, Formanex, ONsemble, Surface Libre, …), jamais ces deux là n’auront joué et improvisé dans un simple face à face. L’occasion, une nouvelle fois, de juxtaposer les atmosphères riches et contrastées de la guitare préparée avec le jeu narratif des field recordings.

https://www.christophe-havard.net

https://www.studioenhaut.net/artistes/

Intermède : Laure Chatrefou

Ecoute sonore et Projection vidéo : « Au royaume des touloulous » – extrait

Réalisatrice vidéo et sonore

Formée en anthropologie et issue du monde de la danse contemporaine, Laure Chatrefou se nourrit d’une recherche documentaire pour créer des œuvres multimédias. Elle crée des installations immersives, des documentaires sonores et des films.

« Au royaume des touloulous » est une plongée dans les secrets d’une pratique qui fait la fierté de toute une communauté.

Goûtez aux bals parés-masqués du carnaval de Guyane : ambiance biguine et chaleur tropicale dans les dancings mythiques de Cayenne. On y retrouve chaque samedi soir de carnaval de drôles de créatures, les touloulous. Sous le costume se cachent des femmes qui dissimulent leur identité. Chacun connaît les codes : les touloulous disposent d’un droit éphémère, mais absolu, celui de choisir leurs cavaliers non déguisés. Là, au milieu de la foule, au rythme des instruments, elles se connectent à la musique, à leur partenaire, à elles-mêmes. Le costume est un doux complice pour se laisser porter par les mouvements de leur corps dans un anonymat rassurant.